Me Xaverine KANGUE NDONG NTAH, la DETERMINEE avocate du PAD, de BGFIBank, du CEPI et du RDPC


Me Xaverine KANGUE NDONG NTAH, la DETERMINEE avocate du PAD, de BGFIBank, du CEPI et du RDPC
@Dirigeantes
  • 12 Juillet 2020


«  A cause du harcèlement sexuel, je ne laisserai jamais ma fille devenir avocate »

Ecrire pour soigner ses blessures

Me Xaverine KANGUE NDONG NTAH finalise actuellement les derniers détails de l’édition du livre « Le destin de Natoucha » qui sortira en 2020. Il s’agit du résumé de la vie de cette femme blessée qui a trouvé dans l’écrire la recette pour soigner ses graves blessures. Si elle a choisi le style de l’autofiction  pour l’écriture, c’est bien avec beaucoup de convictions qu’elle décrit son aventure et cela n’a rien d’une fiction. 

Le géniteur de l’auteure du Destin de Natoucha n’a pas voulu de sa progéniture. Avec ce refus du père, l’enfant ne pourra que compter sur sa maman pour trouver ses repères. Mais avec un salaire d’institutrice, il sera très difficile pour cette mère d’élever convenablement  sa fille.

Après la blessure de l’enfance causée par le rejet de son père, l’héroïne du Destin de Natoucha va souffrir du divorce avec son mari. Me Xaverine KANGUE NDONG NTAH confie au magazine Dirigeantes « Il n’y a pas que cette séparation, il y a surtout tout ce que cela a emporté au passage, quelques personnes que j’aimais bien qui me manquent des fois mais elle m’a débarrassée aussi des opportunistes qui étaient autour de moi. Les amis communs sont partis et m’ont exclue. Il faut se reconstruire. Il faut recréer des liens affectifs avec d’autres personnes et cela prend du temps. »

Et quand la douleur était très forte et qu’elle avait envie de parler, c’est sur un morceau de papier blanc que Me Xaverine KANGUE NDONG NTAH le faisait. « Ecrire est devenu un compagnon de ma solitude. C’est ma thérapie. J’ai commencé par une autofiction parce que ce passage me semblait important. J’avais beaucoup de choses à dire sur moi-même et de panser certaines blessures qui ne pouvaient que guérir ainsi. Je suis guérie aujourd’hui de mes multiples blessures » confie-t-elle.   

De la pauvreté à l’opulence grâce à une mère adoptive française  

A 10 ans, l’auteure du Destin de Natoucha est adoptée par une française très protectrice et gâteuse. Alors qu’elle est issue d’une famille pauvre, sa vie sera complètement transformée. Dès son adoption, elle est couverte de beaucoup de biens matériels. La jeune fille va manipuler beaucoup d’argent au point de ne plus savoir compter dans ses dépenses. Ne compter pas sur l’adolescente Xaverine KANGUE pour regarder les prix dans les magasins. Cela ne l’intéresse pas. Elle achète simplement tout ce qui lui plaît. Mais aujourd’hui Me Xaverine KANGUE NDONG NTAH est plus regardante sur les prix à cause de la dureté de la vie. Celle qui se définit comme une biculturelle surfe entre les cultures camerounaise et française et est parfois en décalage avec son entourage.      

De la détermination pour devenir avocate

C’est en 1991 au Lycée de New-Bell à Douala qu’elle obtient son Baccalauréat A4 Philosophie – Lettres. Après l’obtention de sa Licence en Droit Privé à la Faculté de Droit de Yaoundé II en 1994, elle suit une formation au métier de journalisme à la CRTV radio et télévision à travers l’émission Télé Jeune. Après un séjour Linguistique en Angleterre en 1996, elle obtient une Maîtrise en Droit des Affaires, en 1997, à la Faculté de Rennes en France. Après l’obtention de l’examen d’aptitude à la profession d’Avocat en 2008 au barreau du Cameroun, Me Xaverine KANGUE NDONG NTAH devient avocate stagiaire. Mais pour valider son diplôme, il faut effectuer un stage de trois ans dans un cabinet d’Avocats. A cause de sa famille qui se déplace au gré des affectations de son mari, elle va effectuer le stage dans trois Barreaux différents (Cameroun, Tunis et Paris).

En stage au Cameroun alors que la famille est en Tunisie, pour concilier vie privée et vie professionnelle, elle a pris contact avec un confrère tunisien qui l’a acceptée dans son cabinet. C’est ainsi qu’il y a eu un accord entre son maître de stage au Cameroun et le confrère tunisien pour permettre à l’avocate stagiaire de poursuivre son stage quand elle est à Tunis.

Même lorsqu’elle était à Tunis, il fallait revenir constamment au Cameroun pour suivre les conférences de stages qui étaient obligatoires. Me Xaverine KANGUE NDONG NTAH devait être dans les avions toutes les deux semaines car aucune absence n’était tolérée avec des risques de sanctions.

L’autre difficulté était liée à la langue. En Tunisie, on ne parlait que l’arabe dans les juridictions. Le travail de l’avocate stagiaire se limitait donc au cabinet. Pour compléter la pratique des palais de justice, elle devait se rendre à Paris ou Rennes car son Maître de stage tunisien avait pris contact avec un confrère à Paris pour qu’elle soit encadrée dans son cabinet.

Après beaucoup de détermination malgré toutes ces contraintes Me Xaverine KANGUE NDONG NTAH prête serment comme Avocate en mai 2011 au Barreau du Cameroun.

Une avocate d’affaires avec des gros contrats prestigieux et qui gagne généralement ses procès

Depuis l’année 2000, l’héroïne du Destin de Natoucha côtoie le Barreau du Cameroun et ceux de plusieurs pays comme nous l’avons mentionné. Grâce à toutes ces expériences accumulées, elle se met tout de suite à son compte après sa prestation de serment.

Grâce à sa détermination et sa grosse capacité de travail, elle a obtenu de gros contrats prestigieux : Port Autonome de Douala (PAD), BGFIBank Cameroun, Caisse d’Epargne Populaire et d’Investissement (CEPI), l’Ambassade de France au Cameroun et le Rassemblement Démocratique du Peuple au Camerounais (RDPC), le parti au pouvoir. 

La bonne réputation de Me Xaverine KANGUE NDONG NTAH a beaucoup contribué à l’obtention du contrat avec la BGFIBank Cameroun. En effet, l’ancien Directeur Juridique de la banque cherchait un avocat. C’est ainsi qu’elle a été recommandée par un Huissier sollicité par ce dernier. C’est aussi la réputation ainsi que la relation et la confiance qui ont permis de décrocher le contrat avec le PAD.

C’est plutôt sa moralité qui lui ouvre les portes de la collaboration avec l’Ambassade de France au Cameroun. Me Xaverine KANGUE NDONG NTAH est convaincue que c’est son étoile qui lui a permise d’obtenir le contrat avec le RDPC car « il y a beaucoup d’avocats militants dans le parti » selon elle.

Mais avoir une bonne étoile ne suffit probablement pas pour rentrer dans le très restreint et très convoité cercle des avocats du RDPC. L’auteure du Destin de Natoucha précise « Je m’appelle KANGUE. Mon oncle, le feu Professeur Fabien KANGUE EWANE a été parmi les premiers membres influents du comité central du RDPC, après le congrès de Bamenda en 1985. Il a donc nécessairement laissé des traces dans le parti, dont certains se souviennent et me le rendent bien. »


Première femme à plaider au Conseil Constitutionnel le 18 mars 2018.

C’est en 2013, qu’elle a été constituée pour la première fois par le RDPC, lors du contentieux des élections législatives et municipales, avec un pool d’avocats sous la coordination de Me Guy NOAH, qui est son mentor et ancien maître de stage.

Le Conseil Constitutionnel a été créé en 1996 par la Constitution mais c’est la Cour Suprême qui siégeait en lieu et place. Il a été officiellement mis en place le 07 février 2018. A l’occasion du pré contentieux des élections sénatoriales, Me Xaverine KANGUE NDONG NTAH devient la première femme à faire des observations après la lecture du rapport du Conseiller Rapporteur. C’était également le cas lors du contentieux des élections présidentielles du 16 octobre 2018 où elle faisait partie du pool d’avocats qui défendaient le RDPC.

Avocat, un métier des riches qui a besoin de réformes au Cameroun

Pour l’héroïne du Destin de Natoucha, « La profession d’avocat est une très belle profession, elle vous met au centre de la vie du client. Vous l’impressionnez par votre professionnalisme, votre science, votre éloquence et vos belles manières. Vous êtes un tout qui est beau à voir et à écouter. »

Pour elle, le métier d’avocat n’est pas un métier de pauvre, il faut toujours le soutien de la famille car la formation n’est pas rémunérée très souvent. Il faut la documentation, bien présenter, un  moyen de déplacement décent et à la fin de la formation ouvrir un cabinet. Pour Me Xaverine KANGUE NDONG NTAH « L’avocat vend sa science et son image. Ce qu’il faut savoir c’est que les riches confient leurs intérêts aux riches pas aux pauvresAu-delà de la formation, la profession d’avocat est un métier du relationnel. Si vous n’avez pas de relations ou si vous ne savez pas vous en faire, il faut oublier. »

Mais elle est très critique de la profession d’avocat au Cameroun à cause de nombreuses carences car il n’y a pas d’école de formation d’avocats. Les avocats camerounais sont formés dans les cabinets. La qualité de la formation dépend donc des revenus des avocats stagiaires et de la réputation du cabinet. « J’ai été acceptée dans des cabinets bien structurés et qui étaient bien outillés (avec beaucoup de documentation) et j’avais les moyens financiers personnels. J’ai donc effectué une bonne formation » confie Me Xaverine KANGUE NDONG NTAH.  

Devenir avocat est aussi une vocation. Mais elle regrette qu’avec la conjoncture actuelle, tous ceux qui ont raté les concours des autres institutions, postulent pour devenir avocat. Ce qui est à l’origine des comportements très peu élogieux pour la profession.

Il faut, par exemple, une lettre de parrainage délivrée par un avocat qui a plus de 5 ans d’exercice de la profession pour se présenter au concours d’avocat et à la fin du stage une lettre de fin de stage. Ce qui donne un certain pouvoir au Maître de stage. Elle affirme que «  la difficulté apparaît lorsque l’avocat qui a délivré la lettre de parrainage n’a pas de cabinet. Les vérifications des cabinets ne sont pas systématiques ou alors elles sont complaisantes. On se retrouve donc avec des candidats qui obtiennent des lettres de parrainages des avocats sans cabinet. »

Pour améliorer la profession d’avocat, elle propose l’ouverture d’une école de formation des avocats financés par l’Etat ainsi que la révision des conditions de parrainage.

Une justice camerounaise lente, manuelle et où tout s’achète

Me Xaverine KANGUE NDONG NTAH porte également un regard très critique sur le fonctionnement du système judiciaire camerounais.

Elle dénonce les lenteurs dans le déroulement d’une affaire, les reports des audiences souvent très longs et les magistrats surchargés avec plus de 200 dossiers. Conséquence : Des affaires qui ne sont pas étudiées en profondeur ce qui conduit à des décisions parfois surprenantes. Il y a très peu de salles d’audience. Dans les grandes villes il serait souhaitable d’avoir quatre salles dans chaque juridiction.

Pour l’héroïne du Destin de Natoucha, l’administration notamment au niveau du Greffe est un fourre-tout. Les bureaux des greffiers sont exigus. A peine on y trouve le passage. Tout se monnaie au Greffe y compris même des services gratuits. Elle s’étonne que la justice camerounaise soit encore manuelle. La recherche des dossiers est manuelle et cela favorise la disparition des dossiers, ainsi que les pièces fondamentales comme les originaux des documents.

Elle regrette que le palais de justice soit un véritable marché où on vend tout. Les marchands d’articles déambulent dans les couloirs, salles d’audience et dans les bureaux. Me Xaverine KANGUE NDONG NTAH s’interroge « Je n’ai jamais compris pourquoi il y a des portails dans les palais et les entrées ne sont pas filtrées. C’est une difficulté, car il arrive que j’attende parce que la personne qui est censée me servir fait son marché auprès du marchand ambulant. Pendant ce temps j’attends. Beaucoup de services (de justice, ndlr) sont monnayés et l’avocat n’arrive plus à satisfaire son client par la seule force de ses arguments juridiques. »

Elle estime également que dans les procédures pénales, le droit de la défense n’est pas respecté car les unités de police et de gendarmerie voient l’avocat comme une entrave. La communication est souvent difficile voire très violente.