Marie-France Raynault, nouvelle présidente de l’Académie canadienne des sciences de la santé


Marie-France Raynault,  nouvelle présidente de l’Académie canadienne des sciences de la santé
  • 16 Octobre 2023

Professeure émérite au Département de médecine sociale et préventive de l’Université de Montréal, Marie-France Raynault a récemment été nommée présidente de l’Académie canadienne des sciences de la santé (ACSS). Cette nomination représente l’une des plus hautes distinctions universitaires au Canada. Mme Raynault devient ainsi la première présidente francophone de cette instance dont l’objectif est de contribuer au développement de politiques publiques de santé.

Cette nomination, Marie-France Raynault la perçoit comme une possibilité d’influencer le domaine de la santé en faveur des Canadiens. En tant que médecin en santé communautaire et en santé publique, elle dit constater depuis des décennies l’impact des politiques publiques sur la santé des individus. Le fait d’être à la tête de l’Académie lui donne ainsi un accès privilégié aux décideurs du gouvernement fédéral. Celle qui est membre de l’ACSS depuis 2007 y voit également l’« occasion de transmettre les savoirs » acquis au cours de son parcours. À ses yeux, sa nomination témoigne d’une volonté de l’Académie de se montrer plus équitable et inclusive en s’ouvrant à la francophonie canadienne. 

Une carrière guidée par la justice sociale

Marie-France Raynault a été exposée très tôt à des milieux défavorisés, ce qui a éveillé en elle un sentiment d’injustice face à des concitoyens vivant dans des « conditions de vie inacceptables dans un pays comme le nôtre ». Ce sentiment constitue sans doute le point de départ de sa carrière ainsi qu’une occasion d’étudier la manière dont les inégalités peuvent être réduites afin d’offrir de meilleures conditions de vie.

Tout au long de son parcours professionnel, Mme Raynault a été guidée par les inégalités sociales et la santé des plus démunis. « Je suis allée là où je pensais que je serais plus utile », confie la chercheuse pour qui lutter contre la pauvreté est un « défi constant ».

L’adoption, en 2002, de la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale représente, en effet, l’aboutissement d’une de ses contributions majeures, qu’elle décrit également comme étant un moment fort de sa carrière. Mme Raynault a ainsi copiloté « une équipe de recherche en soutien à cette loi », ce qui a ouvert la voie à d’autres plans ultérieurs de lutte contre la pauvreté permettant un grand « progrès [vis-à-vis] de la pauvreté des familles », explique-t-elle.

Des inégalités sociales à celles de genre

Le leadership au féminin, « c’est encore quelque chose qui demande un doigté particulier », avoue la professeure émérite, qui précise avoir cependant eu « beaucoup de facilité à l’Académie ». Elle estime par ailleurs qu’être une femme en position d’autorité force à faire preuve d’ « une grande rigueur parce que les erreurs ne sont jamais pardonnées ». Lorsqu’elle a commencé sa carrière, elle se souvient qu’il était inattendu qu’une femme exerce un rôle de leader. Cela faisait en sorte qu’il soit souvent contesté et « soumis à un examen très approfondi. »

Elle espère par ailleurs que ces impératifs seront « nivelés » pour les nouvelles générations et que les différences observées au début de sa carrière n’auront plus leur place. Mme Raynault ajoute que, « souvent, le leadership au féminin représente déjà une lutte contre les inégalités de genre » et que les femmes en position d’autorité sont souvent sensibles aux inégalités vécues durant leur carrière.

Elle encourage à analyser l’intersection des [inégalités sociales] non seulement au regard du genre, mais aussi des conditions de vie, de la pauvreté, du statut d’immigration ou encore du racisme et de la « stigmatisation de certains groupes ».

La nouvelle présidente de l’ACSS est convaincue de l’importance d’avoir des femmes en position de leader, particulièrement dans le domaine de la santé. « Il faut des femmes partout dans la société, à différents échelons », au même titre qu’il faut des hommes, déclare la spécialiste. La recherche montre, selon elle, que les conseils d’administration paritaires sont plus efficaces « que les conseils d’administration simplement masculins ».

La question de la représentation occupe ainsi une place importante. Les femmes constituent la moitié de la société, « il faut bien qu’elles soient représentées [au moins] sur une base démocratique », explique-t-elle. Une représentation cohérente des femmes est nécessaire, déclare la chercheuse pour qui « le fardeau des familles n’est pas encore complètement partagé ». C’est donc avec une meilleure représentativité que ces défis pourront être soulevés « aux plus hautes instances ».


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