Les réseaux d'affaires exclusivement féminins ont pris leur essor ces dernières années. Leur objectif ? Créer un environnement propice pour multiplier la création d'entreprises par des femmes.


Les réseaux d'affaires exclusivement féminins ont pris leur essor ces dernières années. Leur objectif ? Créer un environnement propice pour multiplier la création d'entreprises par des femmes.
@Les Echos Entrepreneures
  • 08 Juin 2021

« Pourquoi un réseau féminin ? Parce que nous avons des problématiques que n'ont pas les hommes », dit clairement Sonia Ravin, fondatrice de Someone, conseil en image, et animatrice à Mulhouse du réseau féminin d'affaires Bouge ta Boîte. En France, 29 % des entreprises sont créées par des femmes, selon l'Insee . Des entreprises en moyenne plus petites et qui génèrent moins de chiffre d'affaires que celles dirigées par des hommes. Pourtant, les entrepreneures réussissent aussi bien que leurs homologues masculins et sont plus performantes concernant la croissance du chiffre d'affaires, souligne une étude sur le sujet, « Femmes et entrepreneuriat » du Conseil économique, social et environnemental (Cese) publiée en octobre 2020. Mais un faisceau de raisons, dont l'éducation ou la persistance des stéréotypes de genre, freine la création d'entreprises par des femmes.

Les réseaux d'affaires exclusivement féminins sont apparus pour apporter des solutions à ce problème. Leur nombre a explosé en une dizaine d'années , pour passer de 200 à plus de 500 aujourd'hui. « Le nombre d'adhésions augmente aussi beaucoup, il y a une vraie demande de la part des femmes. Ces réseaux permettent d'aborder des sujets qui ne le seraient pas dans des environnements mixtes », souligne Eva Escandon, cheffe d'entreprise, rapporteure de l'étude du Cese où elle siégeait à la délégation aux droits des femmes et à l'égalité en 2020.

Solidarité féminine

Deborah Hoffer a adhéré à un réseau d'entrepreneurs lorsqu'elle a ouvert une agence de prêt immobilier en 2017, après quinze ans de salariat dans la banque. « Il fallait tout le temps produire des chiffres et des résultats, j'étais stressée avant chaque réunion ! Les thématiques tournaient autour du pouvoir, de l'argent, du rendement. Je sentais que les problématiques privées n'avaient pas leur place dans ces rendez-vous. Or elles impactent aussi la sphère professionnelle. » La jeune femme a ensuite rejoint le réseau féminin Bouge ta Boîte en 2019, lorsque celui-ci s'est créé dans sa ville à Mulhouse. « Ici, nous nous intéressons à la croissance de notre chiffre d'affaires, mais nous pouvons également parler de nos problématiques », reprend Deborah Hoffer.

« Une communauté strictement féminine permet d'aborder certains sujets plus facilement. Par exemple, quand une femme a l'impression de subir une discrimination liée au fait qu'elle est une femme », observe Deborah Loye, directrice générale du réseau d'entrepreneures Sista , créé à Paris en 2018, qui accompagne les femmes créatrices de start-up. « Je crois beaucoup à la solidarité féminine, je récuse le cliché qui voudrait que les femmes soient dures entre elles, elles sont très solidaires. »

Difficultés pour lever des fonds

Une autre barrière qui se dresse entre les femmes et la création d'entreprise est l'accès au financement. L'association Femmes Business Angels rassemble 150 membres qui investissent tous les ans dans des start-up. « Nous ne visons pas des équipes porteuses de projet exclusivement féminines, mais des équipes mixtes. Par ricochet, nous soutenons l'entrepreneuriat féminin. Un tiers de nos investissements concernent des projets portés par des équipes ayant au moins une femme dans l'équipe fondatrice. C'est plus élevé que dans les autres réseaux d'investissement », indique Catherine Abonnenc, vice-présidente de l'association.

Dans la tech, les chiffres publiés en début d'année par Sista et le Boston Consulting Group dans son deuxième baromètre sur « les conditions d'accès au financement des femmes dirigeantes de start-up » ont de quoi affoler les compteurs de l'inégalité : 90 % du volume d'investissement en 2020 était dirigé vers des entreprises masculines . « Nous mettons à la disposition des femmes entrepreneures tout un réseau d'experts pour les aider à lever des fonds », explique Deborah Loye. Le réseau agit aussi pour engager les fonds d'investissement dans des objectifs chiffrés de financement d'entreprises comptant au moins une femme.

Les réseaux féminins servent aussi de portes d'entrée dans les milieux économiques mixtes. « C'est par exemple l'objet du réseau Femmes chefs d'entreprise, de prendre des mandats dans la vie économique locale, au Medef, dans les CCI, pour y développer la place des femmes. Si elles ne participent pas à cette vie économique, elles ne peuvent pas faire bouger les lignes d'un écosystème encore très masculin », observe Eva Escandon.

 

Source : les Echos Entrepreneurs


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