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Pour la première fois de l'Histoire, une femme, Yaël Braun-Pivet, a été élue mardi 28 juin présidente de l'Assemblée nationale au terme de deux tours de scrutin qui marquaient le début de la seizième législature de la Ve République.
"Débattre plutôt que de nous battre", a lancé Yaël Braun-Pivet, avocate pénaliste, novice en politique en 2017 lorsqu'elle s'était fait élire députée macroniste.
Dans cet Hémicycle où l'histoire s'est tant de fois écrite, nous venons ensemble d'ouvrir un nouveau chapitre. Un chapitre du grand livre de notre vie parlementaire. Un chapitre du grand livre de l’égalité entre les femmes et les hommes. Merci !#DirectAN pic.twitter.com/MWyU7eWdh8
En citant certains de ses illustres prédécesseurs au perchoir, notamment Richard Ferrand, auquel elle succède, mais aussi Simone Veil qui présida le Parlement européen, la nouvelle présidente a appelé à ce que l'Assemblée – élue le 19 juin et qui a le « visage de la France – "sorte de ses murs".
La France était en retard sur la quasi-totalité de ses voisins européens : aucune femme n'avait encore jamais occupé cette fonction de présidente de l'Assemblée. Favorite, Yaël Braun-Pivet, ancienne cheffe de la commission des lois de l'Assemblée et éphémère ministre des Outre-mer, est arrivée en tête à l'issue du premier tour, avec 238 voix. Faute de majorité absolue, l'hémicycle a dû procéder à un deuxième tour, au terme duquel elle a obtenu plus de la moitié des suffrages exprimés (242 voix), après que le candidat présenté par le Rassemblement national (RN), Sébastien Chenu, a décidé de retirer sa candidature et que des députés se sont abstenus.
"Je sais que tu auras à cœur de garantir dans cette Assemblée le respect du pluralisme et le dialogue, au service de nos concitoyens", a commenté sur Twitter la Première ministre, Élisabeth Borne.
C'est le doyen des députés, José Gonzalez (RN), 79 ans, qui avait donné le coup d'envoi des travaux de la nouvelle Assemblée, avant de prononcer la constitution du bureau d'âge, composé des six plus jeunes députés.
Dans sa brève allocution saluée par des applaudissements, José Gonzalez a salué un "symbole d'unité française" avec la réunion de tous les députés, et évoqué avec émotion l'Algérie, sa terre natale à laquelle il a dit avoir été "arraché".
Les différents groupes parlementaires, au moins dix avec le nouveau groupe finalement baptisé "Libertés, indépendants, outre-mer, territoires", avaient jusqu'à 18 h pour se déclarer officiellement et remettre la liste de leurs membres, qui doit enfin permettre à la majorité et à l'opposition de se compter.
Dans les jours à venir seront encore attribuées les présidences des principales instances de l'institution, dont la commission clé des finances jeudi, que se disputent la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) – qui a choisi l'insoumis Éric Coquerel – et le RN. La bataille promet d'être acharnée.
Au moment où les travaux reprennent au Palais Bourbon, Élisabeth Borne poursuivait ses tractations pour éviter les blocages en l'absence de majorité absolue. La Première ministre entre dans le dur en rencontrant à tour de rôle les chefs des groupes Les Républicains (LR), socialiste, communiste et écologiste de l'Assemblée.
Dans une lettre qu'elle leur a adressée lundi, elle a pris acte de leur refus "d'entrer dans une dynamique de construction de coalition ou d'accord global avec le groupe majoritaire".
Ce que lui a confirmé son premier interlocuteur mardi matin, Olivier Marleix (LR). "On lui a redit qu'il n'était pas question de quelque coalition que ce soit, mais qu'on était là pour essayer de trouver des solutions. On va avoir un certain nombre de textes sur lesquels je pense qu'on doit pouvoir travailler ensemble, comme la question du pouvoir d'achat", a-t-il insisté sur le perron de Matignon.
Mais, a-t-il prévenu, "cela va être plus ou moins facile selon les sujets, et ça dépendra à terme de la capacité d'écoute de l'exécutif", reconnaissant tout de même que la Première ministre avait fait preuve mardi "d'une vraie volonté de nous écouter, plutôt de bon augure".
Les prochains chefs de groupe attendus mardi soir à Matignon sont Boris Vallaud (Parti socialiste), puis Julien Bayou et Cyrielle Chatelain (Europe Écologie-Les Verts). Mercredi, Élisabeth Borne recevra successivement André Chassaigne (Parti communiste), Mathilde Panot (La France insoumise), et enfin la cheffe de file des députés RN, Marine Le Pen.
Un décret du chef de l'État convoquant le Parlement en session extraordinaire et fixant les textes qui seront examinés est attendu "dans les prochaines heures", précise la lettre de la Première ministre, évoquant les mesures en faveur du pouvoir d'achat et le projet de loi de finance rectificative.
Le président Emmanuel Macron attend de sa part en fin de semaine des propositions "pour une feuille de route" et la composition d'un nouveau gouvernement, prévu pour début juillet.
Avec AFP