BOUANGA Joséphine, CEO ENOCE BIO, une pionnière des produits Bio au Congo


12 Juillet 2020

Diplômée d’un Baccalauréat D obtenu à Brazzaville au Congo, Joséphine BOUANGA s’inscrit à l’Université Marien NGOUABI  et obtient son diplôme d’Ingénieure en Développement Rural en juin 2000.

Après 5 ans d’exercice dans la transformation des céréales et légumineuses en farine, elle retourne et s’inscrit en DEA en Technologie de Transformation Agro-alimentaire. C’est après le DEA qu’elle va très vite comprendre le sens de ce qu’elle faisait déjà grâce à cette étude de l’impact des aliments sur la santé. Une étude comparée du soja et des courges.   En 2010, elle ouvre sa première boutique de vente des produits biologiques au Congo.

En 2015, lors d’un séjour à Chicago, elle refuse des propositions d’emplois aux Etats-Unis car elle se définit aussi comme une panafricaniste.

Aujourd’hui, Joséphine BOUANGA  en dehors de ENOCE BIO spécialisée dans la transformation des produits agricoles a  un cabinet de Nutrithérapie et  travaille en collaboration avec les médecins pour des conseils diététiques. Elle fait aussi des études d’expertise auprès des bailleurs de fonds.

La passion, un leit motiv qui lui permet de tenir malgré les difficultés,

Joséphine BOUANGA connait plusieurs difficultés. Celle qui a commencé avec une bourse de 300 000 FCFA pense que  L’Etat Congolais  ne valorise pas assez les agriculteurs. De leur côté, les banques n’octroient pas de crédits. Elle a également connu un problème d’emballage et de packaging.« Je travaille depuis 17 ans. J’ai deux grands marchés : la France et les Etats-Unis. Le seul problème est l’emballage et les choses iront plus vites ». L’approvisionnement en matières premières et certaines difficultés de vente de ses produits par d’autres commerçants sont là de nombreuses difficultés qu’elle rencontre au quotidien.

Celle qui était moquée par ses collègues de faculté a tenu grâce à son courage mais il faut souligner que c’est sa passion. Comme elle le dit « ma vision est de faire la lutte contre la malnutrition au Congo grâce aux plantes. Même les médecins après les critiques, partagent aujourd’hui ma logique. Le Programme Alimentaire Mondial (PAM) veut travailler avec moi sur les farines. C’est également le cas pour le Ministère de la santé qui vient de donner les autorisations pour la vente de nos produits en pharmacie ».

Comme quoi, la passion paye toujours, elle a d’ailleurs reçu les décorations de l’Ambassadrice des Etats-Unis au Congo, de Hilary CLINTON et du Président de la République du Congo, Denis Sassou NGUESSO.

Comme solutions, elle fait beaucoup  de marketing, constitue des chaînes de valeurs. Notre panafricaniste  a même ouvert une boutique commune pour tous les transformateurs. « On a fait beaucoup de communication sur l’importance des produits bio sur la santé. Ma lutte actuelle est de faire que cette idée soit généralisée. Avec les plantes on peut soigner. Il faut la sensibilisation de la population et des tradipraticiens. »

 

Les femmes sont des managers dès le bas âge

 

Oui je crois au Management au féminin, « les femmes savent manager depuis le bas âge. Avec un peu d’argent, nos mamans gèrent la maison. C’est déjà le management : Dans la gestion de sa vie, de son temps, dans son travail, la gestion de tous les jours. La femme est gestionnaire par nature. »

 

 Il ne faut pas qu’il y ait une coupure entre la vie privée et vie professionnelle

 

Joséphine BOUANGA pense qu’il ne faut surtout pas de coupure entre la vie privée et la vie professionnelle, « Si il y a une coupure totale entre les deux, il y aura un choc. La femme entrepreneure doit bien planifier son programme et anticiper les imprévues. Elle doit aussi assumer la vie de cheffe de famille et de cheffe d’entreprise». Pa contre, pour s’en sortir, il faut beaucoup communiquer et s’appuyer sur sa famille et beaucoup impliquer ses collaborateurs.

 

 

Conseils

«L’humilité. La femme congolaise survit quand elle est diplômée. Pour être entrepreneure, il faut être sur le terrain. Il faut beaucoup de sacrifices. Les femmes congolaises manquent de patience et de vision. Si je  n’avais pas la patience, je ne serai pas ce que je suis. Au début, mes collègues de faculté se moquaient de moi : Tu es Ingénieure mais passes tout ton temps dans la farine»


La rédaction