Analyse

Bourse: la parité hommes-femmes a limité l'impact de la crise sanitaire du Covid-19


Bourse: la parité hommes-femmes a limité l'impact de la crise sanitaire du Covid-19
Selon Skema Business School et La Banque Postale AM, les entreprises du CAC 40 ayant le management le plus paritaire ont mieux r/u00e9sist/u00e9 /u00e0 la crise boursi/u00e8re. Regis Duvignau
  • 22 Juillet 2020

Selon une étude de Skema Business School et La Banque Postale AM, les entreprises du CAC 40 ayant le management le plus diversifié ont mieux résisté à la crise boursière.

Le constat était déjà là avant la crise: plus l'égalité entre les hommes et les femmes est forte au sein des entreprises, plus celles-ci réalisent de meilleures performances boursières. Et la crise inédite des places financières consécutive à l'épidémie de Covid-19 a renforcé cette démonstration, selon une étude analysant les performances des entreprises du CAC 40, réalisée par Michel Ferrary, professeur à l'université de Genève et à Skema Business School, responsable de l'Observatoire Skema de la féminisation des entreprises, et Stéphane Deo, stratégiste pour La Banque Postale Asset Management.

Selon les auteurs, "la diversité des profils permet notamment de mieux appréhender les risques et d'améliorer les processus de décision. Cela implique que l'entreprise s'ouvre à toutes les sources de talents disponibles sur le marché du travail. La diversité résultant de la promotion de l'égalité femmes-hommes amène une pluralité de connaissances et favorise la créativité et l'innovation. De ce fait, la diversité constitue une variable ISR (investissement socialement responsable) ou "non-financière" qui peut contribuer aux résultats économiques de l'entreprise et, in fine, influencer sa performance boursière".

La part des femmes cadres

Pour étayer leur démonstration, les chercheurs ne retiennent pas seulement le nombre de femmes présentes dans les conseils d'administration ou autres instances dirigeantes type Comex, mais s'appuient sur la part des femmes dans l'encadrement, qui constitue une représentation plus large et effective de la parité dans les entreprises. En chiffres, mesurant les performances des entreprises du CAC 40, la démonstration est éloquente. L'étude compare un portefeuille "Diversité", composé des dix entreprises dont l'encadrement est le plus féminisé, avec un portefeuille "Moins féminisé", des dix entreprises où les femmes sont les moins présentes.

Dans les entreprises "Diversité", où le pourcentage de femmes cadres varie de 46% à 65% (54,26% en moyenne), sont présentes BNP Paribas, Danone, Essilor Luxottica, Hermès International, Kering, LVMH, L’Oréal, Société Générale, Téléperformance et Vivendi. Dans les entreprises "Moins féminisé", le pourcentage de femmes cadres varie entre 12,6% et 19,9% (16,79% en moyenne). Le portefeuille est composé d’Airbus, Arcelor, Bouygues, Dassault Systèmes, Legrand, Peugeot-Citröen, Renault, STMicroelectronics, Thales et Vinci.

Jusqu'à 10 points d'écart en faveur des entreprises les plus féminisées

Globalement, entre le 1er janvier et le 30 juin 2020, le portefeuille "Diversité" a mieux résisté à la crise, surperformant le CAC 40 de 1,5 point, tandis que le portefeuille "Moins féminisé" a sous-performé de 8,8 point le CAC 40. L’indice de référence de la place parisienne a chuté de -16,2% sur cette période, contre -14,7% pour le portefeuille 'Diversité' et -25% pour le portefeuille 'Moins féminisé'! De plus, "le drawdown du portefeuille 'Moins féminisé' c’est-à-dire sa perte maximale durant la crise boursière de février-mars, est bien supérieur (- 47,6 %) à celui du CAC 40 (-38,6%) et à celui du portefeuille 'Diversité' (-33,7%)", précise l’étude. Et entre le plus haut niveau atteint par l’indice et son point bas, entre le 19 février et le 18 mars, le CAC 40 a chuté de -38,6%, alors que les 10 entreprises les plus féminisées ont reculé de -33,7%, contre -47,6% pour les 10 entreprises les moins féminisées, souligne Michel Ferrary. Clairement, la parité agit comme une option de couverture sur les risques".

Dernier élément, le beta, c’est-à-dire la mesure du degré de risque pour un investisseur : s’il est égal à 1, cela veut dire que le niveau de risque du portefeuille détenu est identique à celui de l’ensemble du CAC 40. Celui des 8 entreprises les plus féminisées est descendu à 0,94, donc beaucoup moins risqué, et a grimpé à 1,35 pour les 8 entreprises les moins féminisées, soit un niveau de risque bien plus fort que la moyenne de l’indice.

Source : Challenges


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