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Ursula von der Leyen, première femme élue à la présidence de la Commission européenne


Ursula von der Leyen, première femme élue à la présidence de la Commission européenne
  • 17 Juillet 2019

La ministre allemande de la Défense est devenue, mardi, la première femme élue à la présidence de la Commission européenne. Malgré une candidature et un bilan controversés à la tête de son ministère, le Parlement européen a voté de peu sa nomination.

L’Allemande Ursula von der Leyen succède à Jean-Claude Juncker. La ministre allemande de la Défense, une proche de la chancelière Angela Merkel, a été confirmée, mardi 16 juillet, à la présidence de la Commission européenne par le Parlement de Strasbourg. Celle qui prendra ses fonctions le 1er novembre, pour une durée de cinq ans, a obtenu 383 votes. Elle devait en obtenir un minimum de 374, soit la majorité absolue des 747 membres actuellement élus à Strasbourg.

« Mon message à vous tous est le suivant : travaillons ensemble de façon constructive, car il s’agit d’une Europe unie et forte », a-t-elle dit, après son élection lors d’un vote à bulletins secrets au Parlement européen de Strasbourg. Interrogée sur sa très courte majorité, elle a déclaré : « Dans la démocratie, la majorité c’est la majorité. » Il y a deux semaines, « je n’avais pas encore de majorité, car on ne me connaissait pas. Il y avait beaucoup de ressentiment que je comprends concernant le processus du ‘spitzenkandidat' », a-t-elle souligné lors d’une conférence de presse.

Une courte majorité

Jusqu’à une heure avant le début du scrutin, l’issue du vote est restée incertaine, même si en théorie le cumul des voix des trois groupes majoritaires du Parlement et pro-européens, le PPE, les sociaux-démocrates et les libéraux-centristes de Renew Europe, dont font partie les macronistes français, pouvait lui accorder une victoire confortable, avec 444 voix.

Le choix de la ministre de la Défense allemande a en effet crispé nombre d’eurodéputés, car les dirigeants de l’UE avaient fait fi des candidats présentés par le Parlement. Le résultat très serré avec 19 voix de plus que la majorité signifie que nombre de députés pro-européens ont refusé de lui accorder leur soutien malgré les consignes de leurs présidents de groupe.

Les félicitations d’Angela Merkel et la fierté d’Emmanuel Macron

Angela Merkel a félicité Ursula von der Leyen, une Européenne « convaincue et convaincante », pour son élection, se réjouissant qu’une Allemande prenne la tête de l’exécutif européen. « Avec elle, il y aura pour la première fois une présidente de la Commission européenne et, après plus de 50 ans, un Allemand à la tête de l’exécutif européen. Je m’en réjouis parce qu’elle sera une cheffe européenne convaincue et convaincante de la Commission européenne », a déclaré la chancelière dans un communiqué. « Elle va maintenant s’attaquer avec beaucoup de vigueur aux défis auxquels nous sommes confrontés en tant qu’Union européenne », a poursuivi Angela Merkel. « Même si je perds aujourd’hui une ministre de longue date, je gagne un nouveau partenaire à Bruxelles. Je me réjouis donc d’une bonne coopération », a-t-elle ajouté.

« Nous pouvons être fiers de l’Europe », a réagi le président français Emmanuel Macron qui a beaucoup oeuvré pour sa candidature. « Redoublons nos efforts pour renforcer la relation transatlantique », a pour sa part tweeté l’ambassadeur des États-Unis auprès de l’UE, Gordon Sondland.

Une habituée de la scène européenne

Inconnue à l’étranger, elle devient ainsi la première femme à endosser cette responsabilité. Peu préparée à un rôle pour lequel elle a été désignée in extremis par les États membres, la candidate n’avait pourtant pas déclenché l’enthousiasme des groupes politiques qui l’ont auditionnée la semaine passée.

Ce pilier de la CDU (Union chrétienne-démocrate) est cependant une habituée de la scène politique en Allemagne, où elle a occupé des postes-clés depuis 2005.

Elle est aussi familière des institutions européennes, que son propre père a jadis fréquentées. « C’est une Européenne née à Bruxelles, à l’époque où son père était lui-même fonctionnaire de la Commission, elle est allée à l’école européenne à Bruxelles, ce qui explique qu’elle parle un français et un anglais quasi parfaits », souligne Pascal Thibault, correspondant de France 24 et RFI à Berlin.

Bilan très controversé au ministère de la Défense

Issue d’une vieille famille aristocratique de Hanovre, médecin de formation et âgée de 60 ans, Ursula von der Leyen est mère de sept enfants. Elle a successivement occupé les postes de ministre de la Famille, du Travail puis, à partir de 2013, de la Défense. Elle fut un temps désignée comme la dauphine potentielle d’Angela Merkel, mais son bilan très controversé au ministère de la Défense a néanmoins entravé son ascension.

La vétusté et le sous équipement de l’armée allemande ont notamment été pointés du doigt sous sa tutelle. Elle a surtout été attaquée après l’arrestation d’un soldat allemand néonazi soupçonné d’avoir fomenté un attentat en 2017. La gestion de cette crise a été vertement critiquée par les militaires allemands, Ursula von der Leyen ayant dénoncé, à l’époque, la complaisance de l’armée vis-à-vis de ce lieutenant.

Par ailleurs, jugée mauvaise gestionnaire, elle est devenue, ces derniers mois, l’une des ministres allemandes les plus impopulaires, selon le dernier baromètre du Spiegel paru en mai. Ursula von der Leyen est ainsi empêtrée dans une affaire de soupçons de favoritisme et de corruption : son ministère a recruté des consultants externes sans appel d’offres, pour plusieurs dizaines de millions d’euros de contrats. Un cas qui fait aujourd’hui l’objet d’une commission d’enquête parlementaire.

Source : France 24 avec AFP et Reuters


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