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Ces femmes candidates à des ministères pour faire bouger l’Église catholique


Ces femmes candidates à des ministères pour faire bouger l’Église catholique
H/u00e9l/u00e8ne Pichon, Christina Moreira, Loan Rocher, Marie-Automne Thepot, Sylvaine Landrivon, Anne Soupa et Laurence de Bourbon Parme, le 22 juillet 2020, devant l/u2019/u00e9glise de la Madeleine, /u00e0 Paris. | FRAN/u00c7OIS GUILLOT // AFP
  • 23 Juillet 2020

Dans le sillage d’Anne Soupa, candidate à l’archevêché de Lyon, sept femmes ont postulé, le mercredi 22 juillet, à diverses fonctions qui leur sont interdites dans l’Église. Selon elles, « l’absence des femmes en situation de responsabilité » au sein de l’institution est un véritable « scandale ».

Le choix de la date, un 22 juillet, fête de Marie-Madeleine, ne doit rien au hasard. Cette femme que la tradition a consacrée comme « l’apôtre des apôtres », est celle qui, selon les quatre Évangiles, a reconnu, la première, Jésus ressuscité. C’est dire l’importance que le Christ accordait aux femmes.

On se revendique de la place de Marie-Madeleine, explique Anne Soupa, théologienne engagée de 73 ans, qui a posé sa candidature, le 25 mai, à l’archevêché de Lyon pour succéder à Mgr Philippe Barbarin.

Dans le même esprit – ouvrir le débat sur la place des femmes aux postes de responsabilités dans l’Église catholique – sept femmes, réunies au sein du collectif Tous apôtres !, ont décidé de postuler publiquement à divers ministères qui leur sont interdits : évêque, nonce, curé, diacre, prédicatrice laïque.

Elles ont chacune remis à la nonciature apostolique en France (l’ambassade du Vatican à Paris), un dossier personnel où elles exposent leur profession de foi, la fonction à laquelle elles candidatent et le type de service qu’elles sont capables d’assumer.

Elles demandent par ailleurs à être entendues par Mgr Celestino Migliore, nonce apostolique en France, seul habilité à transmettre au pape ces candidatures. Chacune de ces sept candidatures est le fruit d’un appel et d’un discernement propres, jusque-là étouffé par la discrimination dont ces femmes estiment être l’objet dans l’Église catholique.

Un acte de désobéissance

L’absence des femmes en situation de responsabilité […] constitue un scandale autant qu’un contre-témoignage de l’Église. Cette immense injustice n’est pas un problème mineur, mais blesse l’ensemble du corps ecclésial », expliquent-elles.

Notre geste n’est ni une revendication syndicale ni une déclaration de grands principes, mais un acte salutaire de désobéissance à la doxa ecclésiale…, précisent-elles.

Confrontées à l’inertie de l’institution qui rechigne à opérer les changements structurels dont elle a besoin, il leur semble nécessaire, face à l’urgence de la situation, d’enclencher les réformes par quelque part.

D’où leur action qui entend interroger précisément la structure de gouvernance actuelle de l’Église, la signification de l’ordination ainsi que celle de l’égalité entre les baptisé‧e‧s.

« 2 000 ans que nous attendons »

Bien conscientes qu’en régime catholique, on ne candidate pas : on est appelé !, elles rétorquent : Cela fait 2 000 ans que nous attendons, tandis que Dieu, lui, continue inlassablement d’en appeler certaines d’entre nous.

Selon Anne Soupa, qui accompagne et médiatise leur action, « les femmes sont rendues invisibles dans l’Église catholique, elles n’ont pas de citoyenneté à part entière. Toutes les responsabilités qu’elles peuvent avoir sont toujours coiffées par un prêtre. Ce n’est pas possible à l’heure de la parité, à l’heure où on reconnaît les compétences (des femmes), ça ne peut pas continuer comme ça. »

Il y a une crise profonde dans l’Église, il faut ouvrir les portes. Ce n’est pas un geste contre l’Église, mais pour, estime-t-elle.

Source : Ouest France


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